Un premier allaitement sous le syndrome de l’imposteur

Quand je regarde en arrière, je suis somme toute satisfaite du déroulement de mon allaitement. On entend souvent des histoires toutes moins roses les unes que les autres, rattachées à l’allaitement et sérieusement je m’étais préparé à tout. C’est quelque chose que je souhaitais réussir pour le bien de mon enfant et je suis heureuse que ça ait fonctionné. Mon parcours n’est pas parfait. Je me suis souvent fait juger parce que je n’allaitais pas « pour vrai », tu comprendras bientôt…

Alors, avant de débuter je tiens à te dire qu’un enfant nourrit et qu’une maman heureuse, dans mon cœur à moi, c’est ce qui compte plus que tout. Tu l’as essayé, ça n’a pas marché, tu y as trouvé du succès, tu as alterné avec la bouteille, tu es une maman qui pompe son petit lait, ton histoire t’appartient et ce qui compte c’est que tu puisses bien vivre avec. #FedIsBest

LES PREMIERS JOURS

J’accouche de bébé, un peu comme dans mes rêves. C’est plus que parfait, je suis heureuse, bébé va bien, vraiment tout roule. On le met au sein 30 minutes après sa sortie. Mis à part les commentaires désagréables de l’infirmière qui ne croit pas que j’y arriverai parce que mes mamelons sont un peu plats, la première tétée se passe bien. Ma sage-femme a mis l’infirmière de côté pour me donner quelques trucs et j’arrive après quelques essais à le faire boire. La nuit se poursuit, bébé boit une fois de plus, puis il présente de la difficulté à prendre le sein.

Comme je t’en ai un peu parlé dans mon histoire de naissance, que tu peux la lire juste ici, on ne saura jamais vraiment pourquoi il a cessé de prendre le sein après ses 2 premiers boires. Les infirmières me disaient qu’il était épuisé de sa venue dans le monde, mais drôlement personne ne s’est précipité à essayer de le remettre au sein. Je m’en mords un peu les doigts, parce que j’ai longtemps pensé que ça aurait pu sauver les premiers mois… Je saurai plus tard que c’était plus que ça.

Donc on retourne à la maison avec bébé et vraiment il ne veut toujours pas prendre mon sein. C’est là que je sors la téterelle. Ce petit bout de plastique qui aura sauvé mon allaitement.

Bébé la prend tout de suite. Alors, je continue les quelques boires suivants avec la téterelle, tout en essayant de lui présenter le sein d’abord, mais il ne le veut pas.

LES OPINIONS MITIGÉES DE LA TÉTERELLE

Pendant 2 mois, je me suis sentie comme un imposteur. Réellement.

Selon, plusieurs, « je n’allaitais pas pour de vrai ». Pourtant mon bébé n’a jamais reçu une goutte de lait maternisé. Right!?

Mais il y a tellement de pression autour de l’allaitement, que le fait que nous ayons besoin d’une téterelle c’était un peu comme si on avait échoué. C’est pour ça que j’ai tenu bon de te dire que #FedIsBest . Tu fais de ton mieux, pis je le sais.

Dès la première nuit, mon mari prend rendez-vous avec une conseillère en allaitement. Elle viendra nous voir au jour 4. Très rapidement comme tu peux voir. Je tenais à ce que ça se fasse rapidement parce que j’avais lu plusieurs fois que la téterelle ne devrait pas être utilisée pour de longue période de temps.

AU JOUR 4

La conseillère en allaitement nous donne tous les trucs et après plusieurs essais, un bébé en crise, on réussit à le mettre au sein sans téterelle. OUF! C’était du sport. Je la remercierai toujours de ne pas m’avoir mis de pression par apport à l’utilisation de celle-ci. Elle y croyait. Elle me disait : « Si tu en as besoin, c’est tout à fait correct, c’est un outil et parfois on a besoin d’outils. »  Alors, on a travaillé à enlever la téterelle, parce que c’était ce que je voulais, pas parce qu’elle me mettait la pression de le faire.

LES DESSOUS DE LA TÉTERELLE

Plusieurs vont penser que parce que j’utilisais une téterelle, que « c’était facile », que mes seins n’étaient pas gercés, craqués, saignants. Au contraire, ça faisait mal.

Il y a des soirs où je pleurais dans mon lit, parce que ça me faisait trop mal, parce qu’il buvait quelques gouttes de sang avec mon lait et ajoute à ça la pression sociale de l’imposteur de l’allaitement en mode post-partum. Laisse-moi te dire que c’était vraiment un beau cocktail! D’ailleurs, les douleurs reliées à l’utilisation de la téterelle étaient ma motivation première pour essayer de l’enlever.

Puis, évidemment, il faut qu’elle soit nettoyée et stérilisée toutes les 24h. Alors, à toutes les 2 heures la nuit, je faisais ma vaisselle dans l’évier de la chambre de bain. Très glamour!

Mais, elle a sauvé mon allaitement.

LES MOIS QUI ONT SUIVI

Pendant 2 mois et demi, j’ai essayé fort. Tous les jours, j’essayais de lui donner le sein sans la téterelle. Parfois ça fonctionnait, parfois ça virait mal, parfois je n’avais pas l’énergie mentale de le faire, alors je laissais tout tomber.

Ce qui m’a le plus détruit a été de lire ce texte sur la téterelle du DR Newman. Je me réfère beaucoup à ce docteur pour mon allaitement et je peux comprendre pourquoi il tient ces propos face à la téterelle. Mais à chercher toutes les pistes de solutions pas possibles, à essayer tout pendant des semaines, j’étais vraiment démoli de lire que la téterelle était comme le pire ennemi de ce docteur. Il n’a pas pris bon de parler des points positifs de cet outil, il a plutôt tenu à mentionner tout ce qui cloche avec la téterelle en mentionnant bien sûr que ce n’était pas un vrai allaitement. J’ai passé la nuit à pleurer et à me demander pourquoi j’avais lu cet article.

Tout le monde te dit que c’est beau l’allaitement et pour être honnête à 4 mois post-partum, je commence juste à voir la beauté. Au début c’est beaucoup de bas et peu de hauts, puis ça s’améliore pour devenir presque juste des hauts au fil des semaines. C’est là que tu vois la vraie beauté de l’allaitement. Que tu admires ta chaire se nourrir de la tienne, ses petits sourires entre deux gorgées, ses rires après les tétées encore collées à ton sein et c’est sans parler de la facilité de nourrir ton enfant n’importe où et n’importe quand tu le veux. Ça n’a juste pas de prix.

LE POINT TOURNANT

Je commençais à m’y faire à ma nouvelle vie de maman-imposteur-allaitante. Mon bébé voulait de plus en plus téter au sein sans téterelle, mais dès qu’il le faisait pour plus que quelques boires, mes seins faisaient très mal. Quand j’en parlais, on me disait que c’était normal, mais sérieusement je savais que non. J’avais le petit feeling que quelque chose clochait. J’ai eu un troisième rendez-vous avec ma conseillère en lactation à revoir la prise au sein, vraiment à tout essayer.

Mais ça faisait encore mal, après quelques boires je remettais la téterelle, je n’en pouvais plus.

Puis une amie m’a parlé d’une professionnelle qui œuvre avec les bébés allaités, on a donc pris rendez-vous en craniothérapie.

Ça aura pris un rendez-vous. Au moment, où elle a mis son doigt dans la bouche de mon bébé elle a tout de suite compris ce que j’essayais d’expliquer à tout le monde depuis des mois. Un peu comme si sa succion était « croche ». Il tétait avec un angle sur la gauche. Mon sein n’allait clairement pas à la bonne place lorsqu’il essayait d’allaiter sans la téterelle. Et j’avais toujours l’impression qu’il n’était pas capable de bien sortir le lait, puisqu’il avait faim souvent 30 minutes après une tétée au sein sans téterelle.

Suite à sa venue dans le monde, il avait la mâchoire toute déplacée. Ce qui explique pourquoi c’était presque impossible pour lui de boire directement au sein et pourquoi c’était la torture pour moi à chaque fois. Ce qui était étrange est que pendant le boire ça ne faisait pas mal, mais que l’heure qui suivait, je voyais tout plein de bleus, d’enflures et de craques apparaitre sur mes seins. Ce qui rendait le prochain boire au sein impossible pour moi. Puis le fait qu’il utilise la téterelle l’aidait à aller chercher le lait, puisque que c’est gros et encombrant en bouche.

Pour de vrai, elle a fait des miracles. Pendant une grosse heure, elle a travaillé à replacer sa bouche et son palais.

  1. 12. HEURES. PLUS. TARD….

La téterelle faisait déjà partie de notre histoire du passé. Je dis 12h parce qu’il était tellement épuisé de son rendez-vous que j’ai continué avec la téterelle jusqu’au lendemain matin. Puis je l’ai mis au sein, comme si de rien n’était, comme s’il avait toujours bu comme ça. Et je n’ai jamais remis la téterelle. Incroyable enh!

Je t’en parle et je n’en reviens toujours pas.

Et mes seins n’ont plus jamais fait mal. #PasDesJokes

ET MAINTENANT! 

Ça fait maintenant 6 semaines que bébé boit directement au sein. J’ai rangé mes téterelles bien loin, parce qu’après ce rendez-vous elles n’étaient plus nécessaires. C’est tout qu’un accomplissement pour moi que de voir mon bébé se nourrir directement au sein. Et je dois dire que j’avais tort d’écouter et de lire tous ces mots erronés, à mon avis, quant à l’utilisation de la téterelle.

Je comprends que l’idée est d’avoir le bébé directement collé à nous, mais il ne faut pas oublier que ces outils ont été créés pour une raison; pour nous aider. Je comprends aussi qu’ils ne devraient pas être la solution à nos problèmes, mais dans mon cas, je ne crois pas que j’aurais persévéré dans mon allaitement sans la téterelle. Je ne pense pas que j’aurais été assez forte mentalement pour tirer mon lait et le donner à bébé à tous les boire pendant 2 mois et demi, pour finalement le mettre au sein.

La téterelle m’a donné cette proximité dont j’avais tant besoin avec mon bébé. Pour moi, il était au sein. Pour moi, je n’étais pas une fausse-maman-allaitante. Et je sais que malgré tout, je lui ai donné le meilleur de moi, même si mon petit lait a transigé par un petit bout de plastique avant d’atteindre sa bouche pendant quelques semaines.

Alors, à toi qui vis ton allaitement un peu hors de la norme, sache que je te feel. Et malgré tout ce que les autres peuvent te dire, tu n’es pas un imposteur, au contraire, tu es une maman extraordinaire de chercher toutes ces solutions pour nourrir ton bébé de la meilleure façon qu’il soit.

Ah oui! Pis, « au yable » les préjugés.

Et si à la place on se donnait la chance de réussir sans jugement?

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