Texte de Pauline Viaud
Après un an et demi de voyages à travers l’Océanie et l’Asie, je suis rentrée un peu fatiguée de ce voyage.
Avec un peu de recul, je me suis rendu compte que pendant cette période autour du monde, j’avais en fait dû m’adapter en permanence à plein de choses !
Je te partage donc ce ressenti et mon expérience où j’ai dû m’adapter très souvent (pour ne pas dire tout le temps) afin de mener à bord port, ce voyage au long court.
S’ADAPTER AUX AUTRES
Je suis partie seule, mais le but n’était pas de le rester !
Arrivée en Australie, je me suis donc mise en quête de compagnons de voyage. Attention, il faut bien les choisir ! Car quand on part en road trip, on vit 24/24h ensemble, du jour au lendemain, sans se connaitre au préalable. Bien sûr, c’est important d’échanger avant pour avoir une idée globale de notre destination, durée du road trip, budget, centres d’intérêt… De toute façon, même avec des gens qu’on connait, le voyage permet de découvrir des facettes de la personnalité et d’avoir des bonnes – ou des mauvaises – surprises !
On roule ensemble, on marche ensemble, on mange ensemble, quand on trouve des lieux publics, on se lave et on va aux toilettes en même temps… tout notre rythme doit correspondre.
Quand on part seule, c’est l’occasion d’oublier ses mauvais réflexes et de s’ouvrir totalement.
Mon côté un peu agressif et vaguement susceptible, qui m’a déjà été reproché en France, n’a jamais été évoqué par mes compagnons de voyage, ouf !
Car le voyage, c’est la liberté !
Liberté de faire ce que je veux, quand je veux, avec qui je veux, sans être contraint ou jugé par la société, liberté d’être qui on veut et donc d’être vraiment soi. Il n’y a pas la fatigue et le stress du quotidien, du travail… (même si un road trip peut être aussi source de stress : trouver de l’eau, savoir où aller, où dormir, où manger, où se laver….)
On peut donc donner les meilleurs aspects de sa personnalité. On ne s’en rend pas compte, cela se fait tout seul. On est heureux de vivre cette aventure, tout simplement.
J’ai vécu dans plusieurs familles. En tant que Helpeur, Wwoofeur et fille au pair, en Australie et au Canada.
Là, on entre dans le quotidien et le privé de gens qu’on ne connait pas. Cela demande un petit temps d’adaptation, d’observation et beaucoup de respect de la part de chacun.
On s’adapte aux habitudes des gens qui nous hébergent : alimentaires, rythme, éducation… On apprend où ranger la vaisselle, à quel moment faire ses lessives… Pas toujours facile quand cela dure : ma plus longue expérience a été 4 mois au pair à Melbourne dans une famille avec 3 enfants.
Il faut réussir à créer sa bulle, en tout cas j’en avais besoin, et je m’évadais tous les week-ends avec les copains ! Et la famille l’avait bien compris. D’ailleurs, les enfants n’avaient pas le droit de pénétrer dans ma chambre par exemple, c’était mon lieu !
Cette « règle » fixée par les parents était pour moi une marque de respect.
S’ADAPTER AUX DIFFÉRENTES CULTURES
Lorsque je voyage, j’essaie d’observer la manière dont les gens se comportent entre eux pour ne pas commettre d’impair.
Ainsi, en Asie, il est proscrit de toucher la tête de quelqu’un et il est très irrespectueux de pointer ses pieds vers quelqu’un. Les chaussures restent à l’entrée des magasins et des temples.
Selon les religions, mais aussi par différence de culture, les femmes sont vêtues différemment de la société occidentale.
En Inde, ne passant pas vraiment pour une locale avec mes cheveux blonds et ma peau claire, je veillais particulièrement à toujours couvrir mes jambes et mes bras, malgré la chaleur.
Dans les temples en Indonésie ou au Sri Lanka, il est interdit d’entrer sans se couvrir les bras, les jambes et les épaules. Le paréo est l’accessoire indispensable à avoir toujours avec soi pour être prêt à une visite imprévue.

S’ADAPTER À UNE NOTION DU TEMPS… DIFFÉRENTE !
J’ai vécu quelques moments drôles sur la notion du temps. Par exemple quand tu t’installes dans un petit resto en Thaïlande ou au Laos, que tu commandes, et que tu vois le gérant/cuisinier/serveur partir faire les courses ! Au moins, tu es sûr que ton plat sera frais ?
Ah, et les transports en commun : toute une histoire !
Les horaires sont souvent approximatifs, on te dit juste « si si, le bus va arriver ! » Mais ça peut être dans 10 minutes comme dans 2 heures ! Et que dire de la vitesse des conducteurs. Parfois c’est très lent, avec de nombreux arrêts. Avec à chaque arrêt, une foule bruyante qui monte dans le bus pour te vendre de l’eau/des bonbons/du riz/un poulet…. Ça te rappelle peut-être des souvenirs ?
Parfois le trajet est très rapide, sur des routes un peu dangereuses, et là tu t’accroches et tu croises les doigts pour arriver en un seul morceau.
J’ai aussi rencontré des gens très curieux. Ils veulent savoir où tu vas, pourquoi, pour combien de temps, dans quel hôtel tu es, si tu es mariée… Je n’ai pas forcément envie de donner toutes ces informations donc je réponds de manière approximative ou je triche un peu avec la vérité ! On ne connait pas les intentions derrière toutes ces questions ! Mais si elles sont anodines, ça ne serait pas sympa de ne pas répondre.
J’ai voyagé plusieurs mois avec mon ami Seb. Je gérais souvent notre cagnotte commune. Lorsque je payais, les commerçants rendaient souvent la monnaie à mon compagnon, comme si l’argent ne pouvait être géré par la femme ? Je tendais alors la main avec un grand sourire. ?
S’ADAPTER À UNE AUTRE LANGUE ET À UNE COMMUNICATION DIFFÉRENTES.
J’ai un niveau d’anglais moyen. Arrivée en Australie, j’ai parfois eu des difficultés de communication. Aujourd’hui je suis à l’aise sur certains sujets qu’on aborde tout le temps (le voyage, la famille, mon boulot…), moins sur d’autres pour lesquels je manque de vocabulaire. Mais je sais maintenant rebondir, et me faire comprendre en employant d’autres mots.
Hors des pays anglophones, c’est souvent rigolo d’essayer de communiquer avec mon fort accent français et celui, différent, des pays asiatiques ! Mais on y arrive toujours, avec des gestes, des sourires….
S’ADAPTER À LA NOURRITURE
Lors de mon passage au Pérou et en Bolivie, il a fallu s’adapter aux : pommes de terre ! Présentes dans tous les plats : soupe, riz, poulet… : jamais sans la patate !
En Australie, pendant les road trip, on s’est beaucoup nourris de noodles, pain de mie et sardines ! Loin d’une grande gastronomie…
Dans les pays d’Asie du Sud-est, la nourriture est selon moi délicieuse ! Il faut juste faire attention aux épices. ?
Il y a à ce propos différents stades de nourriture épicée : celle qui te faire transpirer, celle qui te brûle, et pour moi le stade ultime c’est quand tu transpires ET que tu as le nez qui coule !!! ha ha !
Souvenir d’une plage en Indonésie où les dames étaient si charmantes que nous n’osions pas arrêter de manger malgré la perte de sensation dans la bouche !

S’ADAPTER AU CLIMAT (acclimatation est un synonyme d’adaptabilité ? )
Je pense à la chaleur évidemment, mais il y a différents types de chaleur : la chaleur sèche du Rajasthan où en mai il faisait 44°C la journée, 35°C la nuit avec un ventilateur qui brasse de l’air chaud au-dessus de ta tête…
Sur la côte du Vietnam, la chaleur humide qui entre dans ton sac à dos, l’alourdie et qui donne une mauvaise odeur à tous tes vêtements.
En Guyane, la chaleur humide également, où à peine sortie de la douche, tu commences à transpirer !
La pluie n’est pas une meilleure option quand on campe en Australie et quand l’eau commence à pénétrer à l’intérieur de la tente puis à mouiller le matelas et le sac…
En Nouvelle-Zélande, comme j’avais la même tente, pas très étanche, j’ai passé plusieurs nuits dans la voiture de location !
En Guyane, au début de la saison des pluies, on a tenté un « carbet bâche » : on installe des bâches aux arbres et on dort en hamac en dessous. Mais quand il pleut beaucoup, les bâches se remplissent d’eau, et au bout d’un moment, la structure s’écroule !!!
S’ADAPTER À UN HÔTE INDÉSIRABLE
Je suis rentrée fatiguée, parce qu’à mon retour en France après 16 mois de voyage, je ne suis pas rentrée seule, mais accompagnée d’un petit parasite logé quelque part dans mon système digestif !
Je n’avais pas de symptôme pendant le voyage heureusement, mais ils se sont déclarés à mon retour. Cette petite bête s’attrape en consommant de l’eau impropre à la consommation.
Les changements d’alimentation et de climat ont été des épreuves pour mon corps, il ne faut pas sous-estimer ça.
Moi qui me croyais pourtant résistante et en bonne santé ! J’ai rapidement été traitée, mais les désagréments ont continué jusqu’à ce que je consulte une naturopathe qui m’a appris beaucoup de choses et notamment à gérer mon alimentation et ma digestion. Si je repars en contrée exotique, je prendrai des précautions avant. ?
S’ADAPTER, OUI, MAIS !
Alors oui, partir découvrir le monde, va demander de s’adapter à toutes ces nouvelles situations. On découvre alors comment on gère ça, ce qui est important à nos yeux, et ce qui ne l’est pas. Pour ma part, j’ai appris à beaucoup relativiser et à patienter, car s’agacer ne fera pas venir le bus ou arrêter la pluie ! À partir du moment où je peux regarder les gens passer ou m’absorber dans ma liseuse électronique, advienne que pourra !
Le temps n’a pas la même saveur quand on a, et quand on prend, le temps !
Pour moi, l’adaptabilité, c’est une forme de lâcher prise, accepter de ne pas tout contrôler, car c’est impossible, et faire confiance.
Par rapport aux relations aux autres, ces expériences m’ont appris que chaque personne est intéressante et peut m’apprendre/me faire évoluer.
Bien sûr, pour que tout se passe au mieux dans le voyage à plusieurs, il faut s’adapter aux différentes situations, mais attention à ne pas s’oublier, car le but de cette aventure, est bien de se faire du bien non ?
