La seule chose que je voyais, c’était d’en finir : ma dépression, 5 ans plus tard (1re partie)

Un anniversaire bien spécial a sonné au début septembre de cette année. Il faut dire que septembre 2014 a été la période la plus sombre de ma vie. Nous sommes maintenant 5 ans après ma dépression « aka » la chute au plus profond de moi-même.

Je t’invite à me suivre dans mon récit en deux parties qui te fera vivre de l’intérieur ce que j’ai vécu, comment je m’en suis sortie (et avec l’aide de qui) et comment ça se passe maintenant, 5 ans plus tard.

En espérant te donner de l’espoir. Parce qu’il y a toujours un avant-pendant-après à tout, voici mon histoire.

Le “avant”.

LA DURE RÉALITÉ DE LA MATERNITÉ

Tout a commencé quand j’ai accouché de mon magnifique petit garçon en septembre 2013. Il était dont beau, mais c’était un bébé à besoins intenses. Pendant le premier 6 mois, il pleurait le 3/4 de la journée et ne dormait pas la nuit. C’était un bébé qui avait besoin d’être constamment dans les bras. Son père travaillait de soir et n’était pas vraiment présent. Et avec tout ce que coûte un bébé en termes de lait, couches, vêtements, produits de soins et, etc., ce ne fut pas long que les problèmes d’argent ont commencé à se faire sentir. C’était un stress énorme pour moi, qui n’avait aucune économie à ce moment-là. Je m’isolais dans ma fatigue, dans mes problèmes d’argent et dans ma maternité compliquée. Mes amies étaient à mes yeux des femmes fortes et/ou des super-mamans. Et moi, je n’étais pas capable de surmonter ce qui m’arrivait. Je me trouvais tellement nulle et indigne d’être mère.

UNE PSYCHOLOGUE INCOMPÉTENTE

C’était si préoccupant que j’avais eu l’idée de consulter une psychologue via le programme d’aide aux employés de mon travail. Malheureusement, c’était une psy très inadéquate. Elle rabaissait mes peurs et mon anxiété de performance. Elle n’avait aucun respect pour moi. Elle arrivait en retard à tous les rendez-vous en me disant que la notion de temps était relative pour chacun. C’était tellement déroutant et injustifié pour moi que j’ai porté plainte à mon service d’aide contre elle. Cette femme m’a fait sentir comme une moins que rien. J’en suis venue à me dire que les psychologues étaient tous pareils, que personne ne pouvait m’aider et que c’était moi le problème.

Cette femme a, sans l’avoir même constaté, contribué à ma chute.

LA SEULE CHOSE QUE JE VOYAIS, C’ÉTAIT D’EN FINIR

Septembre 2014 se pointe le bout du nez. Je devais recommencer à travailler le mardi après la fin de semaine du travail. J’étais si fatiguée, car mon fils ne dormait toujours pas la nuit. Tout l’amour que je portais à mon garçon ne pouvait combler le vide intérieur qui m’habitait.

Je devais trouver une solution et la seule que je voyais, c’était d’en finir. Je me disais que mes proches toucheraient l’argent de mes assurances (donc plus de problème financier) et que de toute façon mon garçon ne se souviendrait pas de moi. Ce fameux samedi, j’ai demandé au père de mon fils de partir avec lui pour l’après-midi, avec dans l’idée de vider notre pharmacie et notre bar. Je voyais mon fils pour la dernière fois. Mes yeux se sont remplis d’eau et j’ai éclaté en crise de pleurs incontrôlable. J’ai alors tout avoué de mon plan.

L’HOSPITALISATION

Je n’ai pas beaucoup de souvenirs de ce moment parce que j’étais dans un état second. On a appelé l’ambulance pour m’amener à l’hôpital. Tout ce que je me souviens c’est que dans l’ambulance, je disais en boucle « j’veux pu être comme ça, j’veux pu être comme ça! ».

Mon hospitalisation a commencé par 3 jours à l’urgence psychiatrique. On m’a dit que j’avais une dépression post-partum « qui avait mal virée » selon eux. Ce post-partum, avec le temps, était devenu une dépression sévère avec tendance suicidaire. On a commencé une médication pour calmer mes angoisses.

L’URGENCE PSYCHIATRIQUE

L’urgence psychiatrique c’était tellement weird. On n’avait aucun vêtement, sauf la fameuse jaquette bleue d’hôpital et nos sous-vêtements. Je passais mon temps à dormir. Et quand je ne dormais pas, les infirmières me disaient de me lever et de prendre des marches autour de l’unité. Un rond autour du poste des infirmières qui était central. Assez aliénant je dois dire. J’avais aussi peur des patients qui étaient en psychose. C’est vraiment épeurant de voir ceux qui sont enfermés dans les chambres blindées et qui crient toute la nuit. La seule façon de me calmer et de focaliser sur autre chose était de dessiner. Je me dissociais de moi-même dans ces moments-là et je n’avais plus aussi peur. Mes parents m’ont visité. Ils étaient en larmes et ne comprenaient pas ce qui arrivait. Je cachais tellement tout, à tout le monde, que ça a été un choc pour mon entourage.

L’ÉTAGE DE PSYCHIATRIE

Après ces 3 jours, je suis montée à l’étage de psychiatrie. Il y avait une microsociété à cet endroit. Les femmes anorexiques et/ou boulimiques qui étaient alitées après avoir mangé pour ne pas se faire vomir, les personnes âgées avec de l’alzheimer ou de la démence qui disaient des choses incompréhensibles et des dépressifs comme moi, avec le moral dans les talons. Les cas les plus lourds étaient à l’étage au-dessus de moi. Les codes blancs (patient violent) s’en donnaient à coeur joie à cet endroit. On a même voulu un jour me monter à cet étage parce qu’il y avait moins de gens et que j’y serais (selon le personnel) plus tranquille. J’ai fait une de ces crises de panique. Mon psychiatre n’en revenait pas. Je n’ai plus réentendu parler de l’étage du dessus après ça.

J’étais en thérapie à tous les jours avec les psychiatres. Rendu là, t’as plus le choix. Tu expulses tout ce que tu ressens. C’était aussi le début de la médication plus spécifique, les antidépresseurs. Les médicaments se prenaient comme dans les films: au bureau des infirmières, à des heures précises, en faisant la file avec les autres patients. C’était irréel comme place, mais je m’étais quand même fait des amis. On essaie de se tenir entre « poqués d’la vie ».

Mon fils était gardé par mes parents et j’ai eu une permission spéciale de mon psychiatre pour voir mon fils dans les locaux de l’hôpital ou au centre d’achat en face de l’hôpital, avec mon père. Ça m’aidait dans mon traitement. Veut, veut pas, c’était à cause de mon garçon que j’avais voulu rester en vie.

Au fil du temps, j’ai eu le droit d’aller faire des sorties avec permission pour aller au centre d’achat ou à mon appartement l’espace de quelques heures. Je me sentais isolée du reste du monde. Mes amies sont venues chacune à leur tour, surtout ma meilleure amie. Ça changeait du mood hospitalier.

Après 3 semaines d’hospitalisation, j’ai eu le feu vert pour retourner chez moi dans ma routine. Je suis sortie 2 jours avant le 1 an de mon fils. Mon psychiatre à l’hôpital a pris la décision de m’inscrire dans un centre de jour spécialisé en santé mentale où j’allais pouvoir apprendre comment vivre avec la dépression. Je recommençais à avoir espoir en l’avenir.

LE CENTRE DE JOUR

Moins d’une semaine après ma sortie de l’hôpital, un nouveau défi s’ouvrait à moi. Le centre de jour en santé mentale. C’était difficile de vivre sans un horaire précis d’hôpital, alors ce centre m’amenait une nouvelle routine. J’allais porter mon fils à la garderie et je m’en allais à mes « cours » au centre toute la journée avec mon p’tit lunch. Dans ce centre, il y avait entre 8 et 10 patients atteints de différentes maladies ou troubles mentaux, des intervenants, des infirmières et des psychiatres. Et chose sûre, je n’avais pas le temps de m’ennuyer. J’avais des cours de contrôle d’émotions, d’autres pour comprendre la médication et ses effets, des cours de relaxation, des ateliers d’art thérapie, des cours de musicologie (pour voir ce que la musique peut nous apporter dans la vie) et plusieurs autres. Il y avait aussi des rencontres à toutes les semaines avec le psychiatre et avec l’infirmière, des plages horaires pour cuisiner, des tâches à faire pour rendre le centre agréable (et en ordre) et finalement des thérapies de groupe tous les matins où les autres participants pouvaient s’exprimer et nous donner des conseils.

Tout ça m’a aidé à savoir comment bien exprimer ce que je ressentais et à comprendre que je pouvais être imparfaite, que je pouvais être aimée pour ce que j’étais et que je n’avais pas à supporter les situations qui me faisaient de la peine.

L’expérience a duré 2 mois et m’a permis de connaître des trucs que j’utilise encore aujourd’hui.

Dans mon prochain article, je te parle du « après ». Comment se sont passées les années après le diagnostic de dépression et qui ont été les acteurs de mon parcours.

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Tu pourrais aussi aimer