Emilie de Love Life Abroad, a family around the world www.lovelifeabroad.com
Par définition, un expatrié (ou un expat en bon langage familier) est un individu qui quitte son pays pour s’établir dans un nouveau pays. Ça veut donc dire que lorsque tu emménages ailleurs dans ton propre pays, on ne parle pas d’expatriation. Existe-t-il un terme particulier? Je ne crois pas. Tu fais simplement changer de lieu de résidence, tout comme déménager dans une nouvelle maison dans une même ville.
Cependant, en ce moment, je me sens comme une expat. Une expat dans mon propre pays, alors qu’on est en processus de relocalisation en Alberta.
Ma petite famille et moi devions partir en tour du monde en juillet dernier, mais la COVID s’est installée entre nous et notre beau projet de famille. La maison était vendue, les enfants n’étaient plus à la garderie et je n’avais plus mon travail. On a donc quand même décidé de quitter le Québec pour explorer le Canada à bord de notre voiture bien chargée.

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Après 3 merveilleux mois à travers le Canada, la deuxième vague de COVID frappe à grand coup. On réalise qu’on doit reporter encore un peu plus notre tour du monde. On décide de s’établir temporairement, quoique pour environ 12 mois en Alberta, à l’entrée des Rocheuses.
POURQUOI L’ALBERTA ET LES ROCHEUSES? Simplement parce que…
C’est notre coup de cœur du road trip. On s’y sent bien. Lorsque je me réveille avec un lever du soleil rosé et la vue des montagnes, ça m’apaise. Puis, on adore le plein air, la randonnée et la marche en forêt. On est bien servi ici. On se sent un peu plus à l’aventure ici qu’au Québec, en attendant notre fameux tour du monde.
Mais, j’ai frappé tout un mur de paperasse en m’installant ici. Tout est tellement différent du Québec. Je ne pensais pas que simplement changer de province était si compliqué. Je me sens comme une expat. Une expat dans mon propre pays. Et je parle par expérience, car j’ai vécu comme expat en France pendant 3 ans. Et je te confie que j’ai le même feeling en ce moment.
Déménager ailleurs au Canada, ce n’est pas simple. C’est un peu comme déménager dans un autre pays, car une grande majorité des commodités de la vie courante sont gérées au palier provincial, et non fédéral. Puis, avec deux jeunes enfants, en pleine pandémie, ça ajoute un bon niveau de complexité.

MÊME PAYS, MAIS DIFFÉRENTES LANGUES.
Quittant la seule province francophone au Canada, déménager en Alberta veut aussi dire déménager dans un milieu anglophone. Pour mon conjoint, c’est parfait, il avait hâte de retourner dans un milieu anglophone (il est originaire de la Californie). Mais pour moi, c’est un peu plus dépaysant. Je n’ai aucun problème avec l’anglais, mais ça reste que ce n’est pas ma langue première. Et le port du masque n’aide pas vraiment. Il n’est pas rare que je doive répéter ou demander de répéter. Puis, il y a les deux enfants qui sont parfaitement bilingues, mais moi, j’ai une peur bleue qu’ils délaissent leur français.

MÊME PAYS, DIFFÉRENTES ADMINISTRATIONS.
On doit TOUT recommencer à zéro ou presque. Contrairement à plusieurs pays, au Canada, la majorité des institutions sont gérées au niveau provincial, et non fédéral: permis de conduire, immatriculation, impôt provincial, carte d’assurance maladie, aide financière à la famille, subvention pour frais de garde …. Donc beaucoup de paperasse…
Comme on ne sait pas vraiment pour combien de temps on sera ici, mais qu’on pense bien y être pour au moins 12 mois, on doit faire plusieurs démarches pour intégrer les services de l’Alberta. On doit faire une demande pour l’assurance maladie (puisqu’on ne respectera pas la règle de 183 jours au Québec et qu’on ne veut pas gérer une assurance voyage puis une année septennale avec la RAMQ).
On doit aussi faire changer nos permis de conduire. Puisqu’on prévoit être ici un an (ou plus), on a 90 jours pour faire le changement. Bye! Bye! permis en français! On doit s’inscrire à l’impôt provincial et aux allocations familiales d’Alberta. Et l’aide financière pour les frais de garde, car ça coûte un pied pis une main.
On est bien choyé au Québec, je peux vous le garantir, même avec une place en garderie privée.
Dans la vie, je suis quelqu’un qui aime bien les fun facts, alors en voici un: Savais-tu que l’Alberta est l’une des provinces qui a le plus de femmes à la maison?
Maintenant, je comprends mieux pourquoi. Il faut vraiment avoir un super job pour justifier les paiements en garderie pour ses deux minis. Bon, l’avantage c’est qu’il y a des prématernelles et qu’il y a des places à temps partiel… (un vrai temps partiel, du genre, tu envoies ton enfant 2 jours par semaine, tu paies 2 jours par semaine).
Ce n’est clairement pas l’idéal quand tu as un job à 40 heures par semaine, mais pour moi, pour l’instant, c’est le bonheur. Quelques heures de répit par semaine, puis les enfants socialisent avec des petits enfants. Car on va se le dire, déménager en plein confinement, ce n’est pas top pour se faire un cercle social.
Puis il y a tous les services liés à la maison (internet, électricité…), car malheureusement on n’a pas trouvé de logement tout inclus. On fait affaire avec de toutes nouvelles compagnies, il faut trouver la bonne compagnie d’électricité, la bonne compagnie d’assurance habitation et etc. La plupart de nos repères ne sont plus présents.

MÊME PAYS, MAIS DIFFÉRENTES CULTURES
Pour être honnête, ça ne fait pas assez longtemps qu’on est ici pour juger des différences culturelles entre le Québec et l’Alberta. Mais tout ce que je peux dire, c’est qu’on est atterri au royaume du pick-up. Il y en a partout, des gros, gros pick-up. J’imagine que c’est parce qu’il y a les montagnes à proximité et que l’Alberta baigne dans le pétrole. Mais wow, ça frappe. 🤣

MÊME PAYS, MAIS UN SENTIMENT DE DISCRIMINATION
Note: Je parle ici de notre expérience personnelle à une période particulière. Dans un autre contexte, cela n’aurait peut-être pas lieu d’être.
On a quitté le Québec en août alors que la première vague de Covid était terminée (si on peut dire). À ce moment, ce n’était (presque) que le Québec et le sud de l’Ontario qui avaient été touchés par le virus; les autres provinces avaient été bien épargnées.
En traversant le Canada cette année, on a bien senti une sorte de « discrimination » envers nous, notre plaque d’immatriculation québécoise et notre cher français parlé. Quelque temps avant notre départ, on entendait aussi aux nouvelles quelques incidents haineux envers des Québécois dans l’Ouest canadien. Rien ne nous est arrivé, et l’on a malgré tout fait de merveilleuses rencontres, échangé des numéros de téléphone, mais on a aussi eu droit à des regards un peu « croches » et des comportements changeants au parc. À quelques reprises, lorsque de petites familles apprenaient qu’on arrivait du Québec, ils devaient soudainement quitter le parc “Let’s go kids, it’s time to go. Bye, it was nice meeting you”. Pouf, disparu.
Oh, et c’est en discutant avec une maman au parc à Banff qu’on a appris, de façon bien rigolote, que les Albertains surnommaient les Québécois les Quebexicain.
Déménager. Changer d’environnement. C’est quelque chose qu’on aime bien mon chum et moi. Mais on ne s’imaginait pas que de simplement changer de province allait être aussi demandant et qu’il nous faudrait une bonne période d’adaptation.
As-tu déjà eu ce sentiment d’être un expat dans ton propre pays?
