Texte de Anouk Lauzon Groleau
Apprendre l’annonce d’une épidémie mondiale alors que tu te trouves littéralement à l’autre bout de la Terre…c’est pas le top!
Je vais te dire très franchement que la décision n’était pas facile à prendre; retourner au pays après 1 mois et demi de voyage, dont la moitié à travailler (pas vu grand-chose), ou bien rester, en ne sachant pas quand ni comment, nous allions pouvoir repartir.
PIRE AFFAIRE EVER.
Je t’avoue très honnêtement que de perdre la possibilité de retourner chez toi rapidement quand tu es à l’autre bout du monde, c’est angoissant. À mort.
On en a parlé. Longtemps. On en a parlé à nos proches. À nos collègues. À nos amis.
Après vérification auprès de nos assurances, un check-up de la situation ici et au pays, une multitude de liste de pour et contre rester, pour et contre partir…
Nous avons pris la décision qu’il était mieux pour nous de rester où l’on était. On y est encore, et pour l’instant, on ne regrette pas du tout notre décision!
Voici donc une liste de réalités lors de la quarantaine, dans un pays qui n’est pas le mien (et le stress qui vient avec), en commençant par les moins bons côtés.

T’ES PAS CHEZ TOI
Ok. Je sais ce que tu penses. J’ai la chance d’être en voyage, dans un pays magnifique, en sécurité et de ne manquer de rien.
Oui, je te l’accorde.
MAIS! Toi, qui après 3 semaines à faire le ménage, cuisiner tout ce qui te tombe sous la main, avancer/commencer des rénovations, gamer … tu étais déjà tanné et en avais déjà plein ton chapeau d’être confiné chez toi… Imagine-toi, maintenant, confiné dans une chambre d’hôtel.
Tu ne peux pas faire de ménage (y’en a pas vraiment à faire!).
Tu ne peux pas cuisiner (ou très minimalement, puisqu’on oublie le four).
Tu ne peux pas faire de rénos (à moins que tu te mettes ami avec le propriétaire et qu’il a tout ce qu’il faut).
Tu ne peux pas essayer de meubler ton temps avec un jeu vidéo (à part sur ton cellulaire ou si tu traînes une console dans ton sac à dos (on est partis en version minimaliste… on n’a rien de tout ça)).
Tu n’as qu’un nombre de postes de télévision réduit (et ce ne sont pas les plus intéressants, et après quelques jours, tu en as ta claque).
À part un jeu de cartes, t’as aucun jeu de société (et tu fais vite le tour des jeux que tu connais aux cartes, en 5 semaines de confinement).
En gros, tu n’as rien de ce que tu as chez toi pour t’occuper. Et y’a rien à ta disposition. Génial.
DONC : même si j’ai la chance d’être dans l’un des plus beaux pays du monde (que je ne peux pas visiter, au passage…), je peux te dire qu’être enfermée entre 4 murs sans tes trucs, c’est vraiment chiant. Et long.

LE DÉCALAGE HORAIRE
Je peux occuper mon temps à parler avec mes proches qui sont aussi isolés, peu importe où je me trouve dans le monde. Ça, j’avoue que c’est cool, tout ce que la technologie nous permet de faire aujourd’hui! Et je sais, ce n’est pas très différent de ta quarantaine!
Mais avec un 16h de décalage… ça complique un peu les choses!
Je me réveille le matin lorsque tu es en fin d’après-midi (pour le Québec). Alors, à moins que tu ne restes debout jusqu’à très tard dans la nuit, ou que je me réveille à 3h du matin, le laps de temps pour un appel est plutôt court, surtout si tu travailles encore (donc tu te couches tôt)!
Je peux littéralement te souhaiter bonne nuit et bon matin sans m’être couchée (ceci est une histoire vraie, et vécue régulièrement).

‘’L’HIVER VIENT’’
Comme le dit si bien la devise des Stark (fan de Game of Thrones, présente!), l’hiver s’en vient, par ici. On voit bien que le temps se refroidit (on a juste ça à faire), et on se dit qu’on est en train de perdre les dernières semaines de température vraiment agréable pour visiter.
En plus, moi qui ai toujours eu ma fête dans la saison de l’été, je vais vieillir d’un an en hiver cette année (à cause que les saisons sont inversées en Nouvelle-Zélande). *Pleurs*
J’aime mieux ne pas trop y penser!
Assez de négativisme! Il y en a déjà trop autour de nous par ces temps troublés.
Et, avouons-le, il y a quand même quelques bons côtés.
PRENDRE LE TEMPS
On a le temps. De prendre le temps.
C’est quand la dernière fois que tu as été obligé de tout mettre sur pause et de simplement profiter?
Je peux te dire que c’est doublement bénéfique en voyage.
Pas de planning pour tout visiter.
Pas d’horaire pour arriver au bon endroit pour le coucher.
Tu ne peux pas bouger.
Seule chose que tu peux faire? Visiter l’endroit où tu te trouves, à fond!
On ne peut que se déplacer à pied, car la voiture est réservée seulement pour courses essentielles.
Impossible d’apprécier et visiter un endroit plus en profondeur qu’à pied!
C’est aussi une excellente façon de se poser et de prendre le pouls de la population locale. Par ici, tout le monde se tient loin, bien évidemment, mais ça n’empêche aucunement la communauté d’être accueillante et chaleureuse, comme à son habitude!
Nous avons aussi la chance d’être dans une ville en bordure de la mer. Tu ne peux pas t’y baigner, certes, mais rien n’empêche que tu puisses t’y promener en bordure, t’y asseoir et prendre un moment pour perdre ton regard dans les vagues, écouter le crissement de l’eau sur les galets, observer un coucher de soleil…

BONUS : ÊTRE DANS UN PAYS QUI A PRIS RAPIDEMENT LA SITUATION EN MAIN
Tout a été complètement arrêté durant 5 semaines. Les seuls établissements ouverts étaient les épiceries, les pharmacies et les stations d’essence. Impossible de commander à manger par ici, comme c’était le cas au Canada.
Le pays était littéralement sur pause.
Tu es encore dans la section des points positifs, t’inquiète.
Ces mesures drastiques ont fait en sorte que, dès la fin du mois d’avril, le pays a débuté son déconfinement. À ce moment, il y avait moins de 5 nouveaux cas par jour, et le 2/3 des malades, guéris, à travers tout le pays.
Nous pourrons donc reprendre notre voyage là où nous l’avons laissé plus rapidement que dans bien des régions du monde. La vie reprendra un cours plus normal rapidement, si tout va bien.
Et ça, c’est une excellente nouvelle.

PLUS. DE. TOURISTES.
Lorsque tu voyages, il y a tellement d’endroits que tu veux visiter, mais qui ont perdu de leurs charmes, parce que toujours bondés de touristes qui ne veulent que prendre la plus belle photo pour leurs réseaux sociaux, ou encore qui te pousse dans le derrière pour que tu avances plus vite.
Un mot pour ça : AAAAARGHHH!
JE. DÉTESTE. LES. TOURISTES.
Oui, j’ai bien conscience d’en être une aussi.
J’évite habituellement ces endroits, car je trouve que la beauté d’un paysage peut être gâchée par l’insistance d’un touriste trop pressé, ou juste par tout le va-et-vient autour de moi.
J’aime prendre le temps. Prendre le pouls d’un endroit. M’abreuver de sa beauté jusqu’à en être étourdie.
Difficile, lorsque tu es entouré d’une multitude de gens qui ne veulent que pouvoir dire qu’ils sont venus ici un jour dans leur vie…

BONNE NOUVELLE.
Beaucoup de touristes sont repartis chez eux, nous laissant donc toute la place pour visiter et s’imprégner de ces magnifiques contrées et de ces atouts!
Et comme les frontières ne sont pas prêtes de se rouvrir…
Oui je sais, c’est dommage pour tous ceux qui ont dû partir…je m’excuse! Mais vaut mieux voir le bon côté des choses, et en rire!
Bref, cette pause me donne quelques fois du fil à retordre, mais ça permet d’encore plus apprécier la chance que j’ai de pouvoir être ici, et donc d’en profiter pour tous ceux qui ne le peuvent pas.
Peu importe où tu es sur notre belle planète bleue, je t’envoie plein d’amour et de courage pour traverser ces temps difficiles! Prends soin de toi!