Texte de Pauline Viaud
La forêt amazonienne est la plus grande forêt tropicale du monde. Son territoire s’étend sur plusieurs pays d’Amérique du Sud, dont le département français de la Guyane. C’est le poumon de la terre.
L’année dernière, j’ai passé six mois en Guyane et j’ai eu l’occasion de pénétrer dans ce territoire sauvage, une expérience intense et inoubliable.
Prête pour l’aventure ?
AVANT DE PARTIR ; L’ÉQUIPEMENT
On ne part pas pour une randonnée en forêt amazonienne comme on va à la plage ! Chaussures montantes, pantalon, réserves d’eau -et de nourriture si besoin-, hamac, moustiquaire, drap ou duvet, lampe frontale et machette (une pour le groupe) sont indispensables ! Une boussole, un plan et un GPS doivent aussi faire partie de l’expédition.
DÉCOUVERTE DE LA FORÊT
Dans la forêt, l’ambiance est TRÈS humide ! On perd des litres de sueur à chaque kilomètre parcouru ! Les chemins ne sont pas toujours plats, j’aime avoir des bâtons pour m’appuyer, d’autant que le sol est souvent glissant.
La forêt amazonienne est dense, on voit peu le ciel donc la luminosité est assez faible et on peut perdre la notion du temps. La pluie ne parvient pas toujours à passer à travers la végétation donc on peut marcher sans être trop mouillé, mais de toute façon avec l’humidité ambiante, on ne finira pas sec !
Bien que l’Office National des Forêts fasse un formidable travail pour que les randonneurs puissent entrer dans ce territoire impénétrable, il reste beaucoup d’obstacles ! Des branches à éviter sur le chemin, mais surtout des troncs à sauter ou escalader, et des cours d’eau à franchir.
Pour traverser les rivières, chacun trouve la technique qui lui correspond le mieux sur un tronc. Pour moi qui n’ai pas un grand sens de l’équilibre, surtout avec un sac sur le dos, c’est souvent en avançant sur les fesses !

LES SONS
La forêt est très bruyante.
Il y a de grosses feuilles et des fruits qui tombent, des branches qui craquent.
L’oiseau sentinelle Papayo avertit les autres animaux de ton passage. Son chant en deux tons est très distinctif et répétitif. Ses collègues prennent le relai au fur et à mesure de ton avancée.
Le chant de la famille des perroquets est très bruyant et pas très mélodieux ! Les colibris si jolis émettent un gros bourdonnement en passant près de toi.
Les cigales et criquets imitent parfaitement les scies circulaires !
Des animaux qui se déplacent, au sol ou en hauteur : des singes dans les arbres par exemple, on ne les aperçoit pas toujours, mais on voit et on entend les arbres bouger.
Dans la nuit, on entend très souvent les singes hurleurs. Mieux vaut avoir été averti, car ce cri, mélange entre grognement, son du vent, soupir de revenant… qui porte à plusieurs kilomètres, est étrange et assez effrayant !

LES ODEURS
Quand tu pénètres dans la forêt amazonienne, ce monde si étrange, tu sens plein de choses !
Le bois en décomposition, l’épaisse couche d’humus, les champignons, l’humidité…
Des passages ou marquages d’animaux, comme les cochons sauvages ou peut-être même des félins.
On le sent qu’on entre en territoire habité…
LES DANGERS
La première cause d’accident est liée à la chute d’arbres. Comme la forêt est dense, un arbre qui tombe en entraine un ou plusieurs autres, avec tout un réseau de lianes. Même si c’est tentant, il ne faut donc pas jouer à Tarzan avec les lianes !
Il est important de suivre le chemin balisé, car il est très facile de se perdre
L’autre grand danger en forêt serait de marcher sur le Grage, serpent le plus dangereux d’Amérique du Sud, dont la morsure peut être mortelle pour les plus faibles. Il se trouve souvent sur les chemins, ses couleurs sont les mêmes que celles de la nature, il faut donc être extrêmement vigilant. S’il n’est pas dérangé, il n’attaque pas. Bien d’autres serpents habitent le secteur, d’où l’importance de marcher avec des bâtons, car ils n’entendent pas, mais ressentent les vibrations du sol.
On entre dans le territoire de plusieurs félins : puma et jaguar pour les plus gros. Les rencontres sont rares, car ces animaux évitent le contact avec l’homme. Ils peuvent cependant attaquer les chiens, qu’il vaut mieux garder près de soi la nuit.
Mygales, chenilles urticantes, fourmis rouges, scorpions, scolopendres… peuvent être dangereux ou bien ennuyants en cas de piqures/morsures, tu dois donc bien observer la zone sur laquelle tu veux t’assoir !
Des parasites tels que tiques ou vers peuvent essayer de venir partager ton corps, d’où l’importance des vêtements longs !

LA MAGIE DE LA FORÊT
Mais surtout, la forêt amazonienne est incroyable ! Elle fourmille de vie si on prend ne serait-ce que quelques secondes pour l’observer, de la terre au ciel.
Au sol, dans certaines randonnées, il est impressionnant de voir le nombre de graines déposées par le vent ou les animaux. Elles s’enracinent vite pour créer un nouveau végétal. Et cela sous nos yeux si on sait regarder !
Les arbres plusieurs fois centenaires, majestueux, au pied desquels tu te tords le cou pour essayer de voir la cime. Leurs racines rivalisent de grosseur et de forme.
Les chablis : lorsqu’un arbre tombe, il fait de la place au sol et laisse entrer la lumière. Des petits végétaux qui attendaient patiemment leur tour vont ainsi pouvoir se développer. Le tronc est laissé au sol et peut servir de supports à d’autres végétaux et servir d’abri aux animaux.
De nombreux animaux peuplent la forêt. Plusieurs familles de singes : singes atèles, singes hurleurs, tamarins… Et certains autres mammifères dont on entend parler, mais qu’on voit rarement : grand fourmilier, agami, paresseux, tatou…
Dans le ciel, on peut voir passer les merveilleusement colorés aras et toucans.
Dans le paysage bicolore un peu monotone, on voit souvent un éclair bleu passer : un morpho. Ce papillon qui ne vit que quelques heures ou jours, passe aux heures les plus chaudes. Il est très rapide et difficile à immortaliser ! Chacun de ces croisements furtifs me ravit !
Entre les végétaux qui ressemblent à des insectes et les animaux qui ressemblent à des végétaux, les partenariats pour se protéger des parasites, l’intelligence végétale et animale est bien présente !

LA NUIT
En forêt amazonienne, il y a deux solutions pour dormir, la première est le carbet, construction durable avec un toit, mais jamais de murs. Ces structures publiques ou privées sont en libre accès sur les chemins, ou en location. En cas d’expédition plus sauvage, la deuxième solution est d’amener des cordes et des bâches, et d’accrocher son hamac entre des arbres, avec une bâche en guise de toit.
Le luxe c’est quand une crique se trouve non loin du campement et qu’on peut s’y rafraîchir en fin de journée.
Après plusieurs heures de marche dans la jungle, l’extinction des feux se fait en général assez tôt pour un réveil matinal.
Il faut s’habituer à dormir en hamac, et trouver la manière dont on le préfère, lâche ou tendu. Les nuits sont fraîches donc la petite couverture est souvent bien utile. Tu sais assez vite si ton hamac est installé trop près de tes voisins puisqu’en te balançant, tu les touches !
Les moustiques ne sont pas très présents en forêt, mais les fois où nous avons dormi à côté de cours d’eau, certains étaient très voraces et attaquaient en bande à travers le hamac !
On dort rarement profondément en hamac, on peut ainsi ressentir l’atmosphère de la forêt et entendre des sons étranges.
La forêt amazonienne est magique, vivante et vibrante. Les cinq sens sont mobilisés pour s’en émerveiller sans danger. Je suis chanceuse d’avoir pu vivre ces moments.
Alors, ça te tente ?
Pour en apprendre encore plus sur notre voyage en Guyane, c’est ici!