10 choses à dire ou ne pas dire à une personne anxieuse

Texte par Sylvie-Ann Dallaire

Cette semaine est dédiée à la sensibilisation de la santé mentale au Québec. Ce sujet me tient trop à cœur pour que je me taise.

Les préjugés reliés à la santé mentale sont encore trop présents. Je le sais, je les vis. Que ce soit par des regards, des paroles ou même des silences, les jugements montrent que la société a besoin d’une grande leçon d’inclusion. D’un autre côté, les préjugés ne sont pas toujours intentionnels. Vivre avec une personne atteinte d’un problème de santé mentale n’est pas évident.

Pour vous aider, j’ai décidé d’élaborer un petit guide de choses à dire et à ne pas dire à une personne anxieuse.

Chaque personne est unique et peut réagir différemment aux stimulus extérieurs, c’est pourquoi je te demande de lire cet article avec une certaine vision globale. Bon, allons-y!

QUOI DIRE À UNE PERSONNE ANXIEUSE

1. « Je te comprends. »

Pour vrai, ces trois mots sont littéralement un baume sur mon cœur anxieux. Même si tu ne comprends pas totalement ou réellement ma réalité, ce n’est vraiment pas grave. Savoir que les gens qui nous sont chers sont là et qu’ils font l’effort de considérer notre perception des choses, c’est juste trop goal. Nous, gens anxieux, avons tendance à croire que nous sommes un fardeau et que parler de nos inquiétudes ne fera que fatiguer les autres. Donc, simplement de me faire comprendre que tu carepour moi, ça fait ma semaine.

2. « Qu’est-ce qui pourrait arriver de pire? »

Cette question-là, je me la pose régulièrement en crise d’anxiété. Ça me permet de tout remettre en perspective et de rationaliser les choses. Est-ce que c’est réellement SI pire que ça ou mon esprit me joue des tours? Ai-je un toit sur la tête, un emploi stable, un entourage qui m’aime? Souvent, ces simples petites questions permettent de diminuer mon niveau d’anxiété de plusieurs niveaux et de me dire que finalement, tout va rentrer dans l’ordre.

3. « Je suis là. »

Parce que même si tu dis que tu comprends, c’est important de sentir un soutien. Les paroles doivent tout de même être pensées! Encore une fois, savoir que quelqu’un est prêt à recevoir de l’information sur notre état, c’est valorisant. Même si nous savons que ce que nous allons te dire semblera exagéré ou insensé, savoir que nous pouvons compter sur une présence vaut tout l’or du monde.

4. « Comment ça va aujourd’hui? »

Cette question-là peut sembler banale parce que c’est une pratique courante et même culturelle de demander à autrui comment ça va. On répond oui et on passe à un autre sujet. Avec l’anxiété, chaque jour est une surprise parce que nous réagissons très différemment aux turbulences de notre environnement et un petit détail peut TOUT chambouler, littéralement. S’intéresser à nos feelings du moment, c’est vraiment un bon truc pour nous montrer, personnes anxieuses, que nous ne sommes pas seulement vues comme un paquet de nerfs. Sincèrement, je peux paraître assez imprévisible les jours où mon anxiété est dans le tapis. Ça peut sembler intense ou même fake qu’en quelques minutes mon humeur change du tout au tout, mais je te promets que j’aimerais mieux être dans tes pantsà toi que dans les miens.

5. « Comment je peux t’aider? »

Ce n’est pas tout le monde qui a besoin du même type d’aide. Certaines personnes ont besoin de parler pour évacuer leurs pensées, d’autres ont besoin de se changer les idées. En plus, l’anxiété est un problème large ; il y en a plusieurs types. Donc, avant de prendre l’initiative d’agir pour aider une personne anxieuse, assure-toi que ton aide sera bien reçue et pour y arriver, il n’y a rien de mieux que de poser la question directement.

QUOI NE PAS DIRE À UNE PERSONNE ANXIEUSE

1. « Calme-toi. »

C’est la pire chose ever à dire. Ces deux mots-là font plus de mal que de bien. En fait, l’anxiété n’est pas un trouble qui se contrôle comme le taux de sucre du diabétique. Nous ne pouvons pas nous en libérer aussi facilement. Si jamais c’était possible, je paierais cher pour pouvoir le faire. Les inquiétudes reliées à l’anxiété sont beaucoup plus poussées et complexes et ne peuvent être réglées en deux ou trois respirations profondes. Saches que j’aimerais beaucoup pouvoir me calmer quand bon me semble. Au contraire, s’il faut que je me réveille en pleine nuit et que je pense à ce que j’ai à faire, c’est fort probable que je me lève à 2h32 du matin pour vider la litière du chat parce que j’ai peur qu’elle soit trop pleine.

« Ben voyons donc, elle » tu t’es dit? C’est exactement de ÇA que je te parlais quand je parlais de préjugés.

2. « C’est dans ta tête. »

Ce commentaire est probablement celui que j’ai le plus entendu. Il attaque directement les inquiétudes de la personne en lui confirmant que ses peurs ne sont pas valables. Au contraire, TOUTES les peurs sont valables parce que personne ne réagit de la même façon aux évènements qui nous entourent. Si j’ai un conseil à te donner, essaie plutôt de faire preuve de compassion.

3. « Ça n’arrivera jamais »

Comme si nous ne le savions pas déjà. Ne t’en fais pas, c’est ce qu’on se répète sans cesse, nous aussi. Malheureusement, nous ne pouvons pas contrôler le cerveau qui hurle plus que nous. C’est pour ça qu’il faut aider la personne anxieuse à trouver des moyens de GÉRER ses pensées plutôt que de lui confirmer ce qu’elle sait déjà.

4. « Travaille sur toi un peu. »

Hmmmm, désolé pardon? L’anxiété est LA chose qui me fait le plus travailler sur moi. Si l’anxiété nous force à faire quelque chose, c’est bien de travailler sur nous-même et de nous connaître davantage, car c’est avec la connaissance de soi qu’on est capable de développer des stratégies efficaces de gestion du stress. Dire à la personne anxieuse de travailler sur elle-même c’est comme si on sous-entend que c’est de sa faute si elle est dans cet état et qu’elle est simplement lâche.

Les troubles anxieux sont très loin d’être une question de travail sur soi. Chaque jour, l’anxiété me challenge avec une lutte supplémentaire. Chaque jour, elle me confirme la raison pourquoi je me bats. Minimiser l’état de l’autre est réellement destructeur pour l’estime de soi.

5. « Passe à d’autres choses. » 

Le dernier commentaire, mais non le moindre. Se faire dire ce genre de remarque risque à 99,9% du temps de nous amener à nous refermer sur nous-mêmes et vivre nos peurs seuls. Ça, ça veut dire que nous allons nous ronger de l’intérieur en se disant continuellement que le monde entier nous trouve gossants. Je le sais, je le fais tout le temps. Même si toi, personne non anxieuse qui vit la yolo life trouve que ça n’a aucun bon sens d’avoir peur ou de capoter comme ça, dis-toi que nous le savons déjà. Dis-toi aussi que si nous le pouvions, justement, passer à autre chose nous le ferions.

L’anxiété est un trouble de plus en plus connu (de ce que j’observe au fil du temps). Rassure-toi, elle n’est pas une fatalité. Si tu vis avec l’anxiété, n’oublie jamais que des professionnels sont-là pour t’aider. Que ce soit au 811 ou au 1-866-APPELLE, quelqu’un est là.

L’important, c’est de se sortir de la solitude et d’en parler.

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